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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 5 mai 2015

Act84 Condensé d'éthologie politique (I)


Les "Actuels" ci-après, 84-5-6, répètent et ramassent sur l'éthologie politique les éléments les plus nécessaires figurant passim dans ce blog, en les précisant un peu : cela rendra disponible une référence commode.

L'éthologie politique est la mise à jour la plus urgente pour le renouvellement des luttes progressistes et humanistes. Or il y a eu évolution théorique depuis les premières années (autour de 1965) où il en a été explicitement question. On va tenter ici de fournir un schéma où figurent tous les traits principaux connus (bibliographie en fin de titres). Mais il faut souligner dès l'abord le secret dont est victime cette part de science, à cause autant des efforts des pouvoirs que des refoulements individuels.

1. Fond de la question
Comme Lorenz l'a admirablement formulé, un film en accéléré des derniers millénaires montrerait que la surface de la Terre est soumise à des formes de vie animale très évoluées mais irrationnelles. Car les détours de l'histoire demeurent aussi barbares que les bricolages aléatoires qui ont fait l'évolution : de même que la vie vient de hasards physico-chimiques, l'histoire est faite de brutalités très largement animales — sous des raffinements techniques extraordinaires et, dans ces conditions, d'autant plus terrifiants —. Ce qui est propre à notre espèce, l'élaboration rationnelle et morale, peut prendre le dessus et de là permettre la survie seulement s'il y a prise de conscience des priorités naturelles qui sont non raisonnées, puis construction de réorientations. C'est cette prise de conscience que s'efforcent d'empêcher les brutes de toute l'histoire, dont celles de notre temps. L'état présent du monde ne fait que traduire cette horreur : les dirigeants actuels ont saisi, pour préserver leurs privilèges, les techniques de manipulation politique pratique des foules, tandis que les tenants de valeurs plus humaines demeurent bloqués à des interprétations économiques et à de vaines dénonciations moralisantes, ce qui paralyse l'action démocratique. L'humanité entière est ainsi menacée des deux côtés : les procédés de gouvernement utilisés sont de raffinement croissant, et en même temps s'étendent encore les égarements et les incapacités des peuples et des démocrates à voir clair et à s'unir. En somme,
c'est de plus en plus terrible, il est de plus en plus urgent d'y remédier,
et actuellement, justement quant à cet essentiel, RIEN n'est fait pour notre survie.

2. Eventail des applications et obstacles
Les brutes, organisées en classe dirigeante déjà en bonne partie à l'échelle de la planète, utilisent et rémunèrent des conseillers notamment dans
– les media
– les polices
– les armées
– les services plus ou moins secrets
(ces administrations permettent des subversions-infiltrations des syndicats et mouvements à tendance démocratique à l'échelle nationale, ou à l'échelle transnationale des coups d'Etat contre des régimes cherchant à échapper à la "mondialisation" — en fait la domination Wall Street-City)
– les formes étatisées ou non d'éducation, dont les perversions dites formations de techniciens et surtout de commerciaux.
Ces conseillers du pouvoir usent des techniques d'éthologie politique, synthétisant et facilitant l'usage de procédés venus de coutumes et sciences. Par exemple, les manipulations par l'intermédiaire de religions, ou les dévoiements des robots en outils de fabrication de chômeurs au lieu d'allègement du travail, ne sont plus indépendants de la connaissance éthologique. Mais les brutes dirigeantes sont pour le moment seules à le comprendre et à le mettre en œuvre, avec une effroyable efficacité. Il faut donc comprendre l'éthologie politique dans ses deux sources, hélas aujourd'hui asservies aux plus féroces :
1) l'empirisme, aux racines historiques immémoriales, de la manipulation des foules — empirisme qui a fait les prophètes, conquérants et autres sadiques à grande échelle depuis bien avant Alexandre et César puis tout au long du pouvoir papal, mais que les colonialismes et totalitarismes du XXe siècle ont considérablement fait avancer : d'abord en Grande-Bretagne par l'IS, puis un peu partout avec des gens comme Münzenberg (le maître stalinien de Göbbels), puis les agents de l'OSS devenue CIA et les professionnels de la "guerre moderne" ou "subversive", en France les colonels des guerres d'Indochine et Algérie plus spécialement (certains très invités aux Etats-Unis comme David Galula), et de nouveau près de Londres ceux des MI5 & 6 avec le théoricien des "conflits de basse intensité" depuis les colonies britanniques africaines jusqu'à l'Irlande, Frank Kitson
2) la prise de conscience théorique des moteurs principaux de tous les comportements animaux, humains compris, et du fonctionnement de leurs refoulements à partir de Darwin, Freud et (surtout, pour ce travail-ci) Konrad Lorenz.
Il est lamentable que des réflexes animaux, surtout grégaires, aient si longtemps réussi à empêcher cette compréhension chez les progressistes. En particulier, les injures et parades des marxistes contre cette part de science sont certes dans la ligne générale de leur religiosité et de leurs délires dialectiques et antiscientifiques : mais c'est spécialement monstrueux en cette affaire.

3. Moteurs des comportements
De même que tous les êtres vivants ne sont que des manifestations d'associations en ADN de quatre et seulement quatre nucléotides (ATCG), il est possible de saisir la variété des comportements à partir d'associations de quatre et seulement quatre moteurs principaux. Mais la réalité chimique matérielle des nucléotides est un acquis de chimie biologique, tandis que l'approximation par quatre moteurs est encore grossière dans la jeune et hésitante science éthologique.
Le plus important peut-être est de comprendre qu'il s'agit de moteurs, c'est-à-dire que ce sont des poussées naturelles qui, au contraire d'imaginations comme la lutte des classes, sont éprouvées et se manifestent inévitablement de par la vie même, des individus où elles sont inscrites et de leurs rassemblements éventuels.
3. 1. Ainsi le premier moteur, la tendance à la survie par la recherche de subsistance, s'exprime de façon visible, lisible et tangible chez un petit mammifère comme chez un grand prédateur, et cela s'enracine dans des orientations chimiques depuis les bactéries : mais la formation d'organes qui traduisent ce moteur en faim et appétit en est une élaboration extraordinaire, dépendante entre autres de l'association aux autres moteurs. Car l'évolution du vivant se passe autant par celle des comportements que par celle plus directement, moléculairement génétique.
On peut intituler le second moteur tendance à la préservation ("instinct de conservation") : devant un tremblement de terre ou un orage, dans la confrontation à un flot ou à une avalanche, un individu ou un troupeau dispose de préparations qui en général l'aident à surmonter l'évènement. Il est, et il sera de plus en plus, clair que l'association aux autres moteurs est aussi très variable suivant le bénéfice atteint pour l'individu ou (parfois au contraire) pour l'espèce.
Ces deux premiers moteurs sont cependant largement portés par l'individu : leurs manifestations sont relativement restreintes au niveau des regroupements de congénères (donc hors affaires de symbiose, parasitaire ou non) : en tout, au niveau grossier de ce texte-ci, on peut dire de ces moteurs qu'ils sont peu sociaux.
3. 2. Il n'en est déjà plus de même du troisième moteur, la tendance à la reproduction — dans le vivant assez évolué la sexualité. Car dans ce cas la mise en cause d'autres individus est immédiate, d'autant plus riche de développements potentiels que le quatrième moteur est présent, comme on va voir : la sexualité est directement socialisante.
Mais cette poussée socialisante, si puissante qu'elle soit virtuellement, n'est rien à côté de ce que représente le quatrième et dernier moteur, le plus tard venu de l'évolution, et dont l'espèce humaine est nantie au degré suprême. Dans pratiquement tous les textes parus à ce jour, ce moteur est intitulé agressivité (voire agression, ce qui est un comble d'aberration contre toute logique et toute science) : le présent travail se conformera largement à cette déplorable dénomination — mais ce ne peut être sans expliquer pourquoi elle est déplorable.
Le principe moteur en cause, fondamentalement intra-spécifique, c'est-à-dire agissant presque uniquement entre individus de la même espèce
1) est simplement au départ une tendance à l'expansion — notamment territoriale chez les animaux, dans l'espèce humaine par des appropriations de richesses de diversité infinie, pour le meilleur et pour le pire
2) ne recherche jamais, dans sa forme pure, à nuire
sauf que le fait de chercher à écarter le congénère se traduit presque inévitablement par la confrontation avec lui : d'où la confusion aux conséquences désastreuses qui motive la présente discussion. Il faudrait dire expansivité et non agressivité, il faut être toujours prêt à lire sous le télescopage, qui ne voit que l'aboutissement agressif au lieu de lire les ressorts intermédiaires qui l'expriment dans les diverses circonstances. Pour ne pas oublier tout à fait ce point, on dira souvent ici : expansivité, agressivité-éthologique, ou au moins é-agressivité, pour souligner la distance initiale à la confrontation.
3. 3. En fait, ce n'est là qu'un aspect de la difficulté à donner idée d'une science en quelques instants et quelques pages : il n'y a pas d'éthologie hors biologie, il n'y a pas d'éthologie humaine sans éthologie générale, il n'y a pas d'éthologie politique sans éthologie humaine — et cependant il y a des fous dits spécialistes qui sont si pressés d'en venir à l'humain qu'ils prétendent, par exemple, fonder la sociologie sans la moindre conscience de l'éthologie.
Pour ne pas ressembler à ces fous, il faut préciser, nuancer, élaborer au moins un peu. Cela augmente les difficultés de la diffusion, surtout dans un monde où, de façon chaque jour plus destructrice, le zapping prend la place d'une véritable activité cérébrale : mais ce texte-ci est destiné à des êtres capables d'user de la caractéristique humaine qu'est l'acquisition de savoir, et non à des crétins d'un sectarisme grégaire quelconque. Alors il faut encore montrer l'insuffisance des simplifications qu'on vient de présenter comme première approche.

4. Insuffisance de cette classification
Même au niveau grossier proposé ici, la reconnaissance de quatre moteurs, parmi les animaux assez évolués et notamment l'espèce humaine, est insuffisante. Car dans l'évolution, c'est-à-dire l'histoire de la vie en général et pas seulement de l'humain, l'apparition de ce qui devient le moteur agressif se fait en des sens très différents, par certains aspects opposés : la survie d'une espèce passe souvent par le rassemblement simplement grégaire, c'est-à-dire que des individus (assez nombreux pour que l'espèce survive) échappent aux prédateurs s'ils se rassemblent, fuient, ou au contraire s'unissent dans la défense, en troupeaux. L'équilibre interne, ou comme on dit trop facilement le plaisir, qui socialise le plus aisément, a ce fondement-là. C'est à partir de la reconnaissance de ce principe social qu'il faut apprendre à voir dans une même perspective
— bien sûr d'abord les vols de sauterelles ou d'étourneaux, les bancs de poissons, la poussée qui réunit et guide à partir d'un seul étalon des nombres déjà non négligeables de bovidés ou équidés (davantage avec quelques cavaliers)
– mais ensuite la remarquable formulation de cette tendance en "l'homme ne voit jamais l'homme sans plaisir" de Robespierre, tout autant que la crainte du primate humain qui inhibe la tendance à sortir de la horde (crainte de base de l'a grég ation en religion ou nation), et jusqu'aux téléspectateurs de TF1 terrifiés avant même d'en avoir conscience à l'idée d'être traités de conspirationnistes en cas d'audace à s'informer sur les attentats du 11 septembre 2001 au lieu de gober les âneries contradictoires des "officiels" (donneurs de ton du pouvoir ambiant) :
tout cela est encore plus profond, venu de plus loin encore dans l'évolution, et encore plus agissant à tous les stades, que ce qu'il est pourtant tout à fait raisonnable de saisir en pratique comme agressivité-éthologique. C'est dans cet aveu de complexité qu'il faut présenter, et faire sentir les limites de, ce travail-ci :
au commencement est la capacité à reconnaître les semblables. Ensuite vient le "goût" de s'a grég er à ces semblables. Puis apparaît la tendance à s'individualiser, à s'épanouir complètement en tant qu'être unique, en s'écartant de tous les semblables et indissolublement quoique contradictoirement en éprouvant le besoin d'être parmi eux — ne serait-ce que pour reconnaître un biotope favorable.

Lorsqu'on commence ainsi à percevoir la variété des formes et l'ampleur des millénaires où s'insère notre pauvre humanité, en même temps que les défaitismes et lâchetés qui obscurcissent notre siècle, il est inévitable de trouver bien hardie la tentative pour prendre en compte de telles étendues, il est inévitable que des gens disent : "à cette échelle tout ne peut aller que très lentement". C'est cependant parfaitement faux : il a fallu de nombreux millions d'années pour parvenir à l'invention de l'écriture, et pourtant il faut beaucoup moins de temps pour enseigner à de petits humains à lire, écrire et compter.
C'est l'équivalent de cela — la réalisation démocratique — que rend possible pour notre espèce, à l'échelle de la planète et de l'histoire, la connaissance de l'éthologie politique.


Bibliographie I
Un livre : celui sur l'agressivité de Konrad Lorenz (un correctif : j'ai peut-être été trop sévère envers la traduction française de ce texte — cette sévérité est saisie comme prétexte à ne rien lire, au lieu qu'on se confronte à ce qui existe —). Un autre auteur : Eibl-Eibesfeldt. Un souhait très vif : qu'on veuille bien parcourir un peu ce blog pour y lire mille applications de l'éthologie politique.
Le reste dans les titres suivants.

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