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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


samedi 9 mai 2015

Act86 Condensé d'éthologie politique (III)


Il y a le fond qu'il faut absolument ordonner, et puis des bribes qui peuvent toucher davantage. Les deux titres précédents (Act84 et 85) ont été consacrés au fond : on va livrer ici quelques bribes, essentiellement sur l'infamie du pouvoir.

Plus on laisse parler les formes primitives, plus on s'égare à confondre le respect animal de l'établi et les nécessités humaines de l'équilibre : les pesanteurs historiques font que le sens social est vivement sollicité d'abord par l'accoutumance aux hiérarchies (héritage des hordes de primates) au lieu de percevoir les besoins de construire un ordre vrai, démocratique.

1. C'est sans doute cela qu'il faut commencer par démonter, de deux côtés : en refusant toutes les barrières, tous les prétextes du pouvoir pour empêcher l'information (dont l'instruction) des citoyens et leur prise de conscience avec expression de leur volonté réelle ; puis en faisant déjà voir (on élaborera) les gens de pouvoir comme pervers extrêmes dans leurs poussées et discours.
1.a. Côté barrières. Lorsqu'Einstein suppliait qu'on se souvienne de la bombe A comme conçue en réponse aux menaces du nazisme et non comme arme de puissance, lorsqu'Einstein suppliait qu'on n'aille pas écraser le Japon vaincu pour établir un nouvel empire en achevant d'impressionner l'URSS par une supériorité d'armement (ce qui était déjà le sens de l'horreur à Dresde), la présidence US fit répondre qu'il "ne fallait pas compliquer encore le difficile travail des hommes d'Etat" : démarche typique du pouvoir, la lutte contre la démocratie prétextant qu'il faut le secret, de soi-disant nécessités indicibles ("incommunicables" disait feu Mitterrand). Dans ces exigences de "défense nationale", Garrison voyait déjà les moyens de la fascisation des Etats-Unis (relisez son interview à Playboy vol. 14, n° 10, octobre 1967). Elles sont brandies aujourd'hui partout, systématisées notamment :
  – aux USA par le Patriot Act dans la ligne du "New Pearl Harbor" de septembre 2001
– dans l'Union Européenne (spécialement en France en ce mai 2015) par les équivalents en lois "liberticides", en fait lois scélérates d'espionnage menaçant non pas seulement la liberté d'expression mais le devoir d'information.
Il est certes honteux d'adjoindre à ces procédés l'hypocrisie qui prétend défendre la liberté d'expression alors que tout, et d'abord la finance, muselle toutes les presses : ce n'est qu'une autre forme des tabous, barrières et mensonges imposés par le pouvoir. Chaque fois que les citoyens se plaignent d'insécurité, le pouvoir, au lieu de reconnaître que toutes les insécurités commencent à celle de l'emploi, réclame à cor et à cri de nouveaux moyens de répression, puis tourne ces nouveaux moyens contre la liberté des citoyens : on a d'abord de plus en plus de flics et de moyens d'espionnage, et ensuite tout ce qu'il y a de nouveaux flics et moyens d'espionnage sert à matraquer des manifestants exigeant le droit au travail et à l'emploi, et à espionner les citoyens les plus conscients des sadismes du pouvoir. L'insécurité ainsi accrue sert à redemander de nouveaux moyens de flicage etc.
1. b. Côté perversion de fond.
Plus généralement que la censure sous le nom de liberté, l'inversion mentale (on y reviendra) caractéristique et générale du pouvoir se traduit par le discours moralisateur quand il s'agit de déchaîner l'immoralité, et par la prétention au progrès (la "modernité") quand il s'agit de déchaîner la réaction :
Le patronat français, souvent par la bouche des ordures professorales employées en "économistes", se distingue par des formes incroyables de ce ridicule : on accuse les pauvres — c'est une constante du discours ultra-réactionnaire dans ce pays depuis Pétain — de trop vouloir la vie facile (un toit et un emploi dans des conditions décentes, une retraite à un âge accessible, tout cela aujourd'hui très facile surtout dans nos extraordinaires moyens techniques), alors que ce sont les privilégiés qui accaparent et dévient de façon de plus en plus infâme l'ensemble de l'économie, alors que c'est le patronat qui détourne ignoblement la production par astuces comptables en création de misère en général et de chômage en particulier, au lieu d'accepter quelque saine répartition de richesses que ce soit.
De même inversion, on opère en France la réduction générale à un chiffon de papier du Préambule de la Constitution de la République issu du programme du Conseil National de la Résistance, et son esprit puis toutes ses règles et édictions mêmes, essence de progrès, sont déclarés archaïsmes dans les poubelles médiatiques reproduisant et diffusant à l'infini les discours et exhibitions du MErDEF et de ses porte-voix dits experts. De là, la destruction de l'Instruction et des moyens de santé publics, la dévolution malsaine à des assurances privées (c'est-à-dire à des cupidités d'actionnaires) des moyens de droits sociaux les plus élémentaires — même les zones privées des mandarins d'hôpitaux, mais surtout les cliniques et maisons de retraite assassinent de prix scandaleux et rendent des services de mesquinerie honteuse, tandis qu'une pseudo-éducation n'est plus qu'une déviance élitiste et une préparation aux abrutissements gadgetiso-télévisés.
Ce n'est pas très différent par exemple aux Etats-Unis (la nation la plus puissante au sens du pouvoir), où cinquante millions d'habitants (environ 20% de la population) sont écartés de toute couverture médicale, ou au Royaume-Uni où l'espérance de vie des pauvres est aussi de vingt ans moindre que celle des riches (c'est pire dans le détail, mais ces chiffres sont valables pour les 20% les plus pauvres et les 20% les plus riches) : merveille des résultats de Wall Street et de la City, de ces vampires anglo-saxons qui s'insurgent au nom de leurs lois contre même la Cour Européenne des Droits de l'Homme, quand celle-ci sollicite que les mandats d'arrêts internationaux soient parfois un peu pris en compte par leurs juges quand il s'agit de poursuivre les plus nauséabonds trafiquants d'argent sale...
Liste non limitative.

2. Mais la bêtise (l'animalité) du pouvoir trouve un déplorable écho actuel chez les progressistes, par l'acceptation de l'expression économaniaque constituée en comportement. Là où l'évidence expérimentale, scientifique et historique, rend éclatante l'agressivité des privilégiés, des abstractions creuses de lutte des classes ou des analyses économiques sont la stupide et misérable réponse-réflexe la plus présente. Pourtant tout le monde peut comprendre que même seulement la cupidité maladive (et c'est pourtant un stade dépassé par les privilégiés actuels), l'agressivité obsessionnelle sous la forme du désir d'argent, n'est qu'une forme de recherche d'un statut social aussi élevé que possible, à l'intérieur des critères plus ou moins concrets des sociétés établies. De là plus loin, tout le monde peut comprendre que l'enrichissement personnel est souvent, et de plus en plus souvent, un moyen vite dépassé, dépensé pour toujours accroître son pouvoir même : Richard Cheney est certes l'avide dirigeant de Halliburton (entre autres), mais c'est surtout, dans la ligne de la fameuse équipe B de Bush père et de Paul Nitze, l'un des fous de conquête du monde entier (expansion agressive) par l'oligarchie des USA.
C'est pour cela qu'il est maladif de s'en tenir à des histoires de pétrole et de sources d'énergie : on lit encore partout la déviance de contes de "chocs pétroliers", alors que la grande affaire depuis le milieu des années 1970 (dès les années d'après-guerre mondiale dans l'esprit des gros financiers anglo-saxons, dès avant dans les propositions de savants conseillers comme von Neumann) est l'automatisation à outrance avec propriété-accaparement des robots, ce qui a comme conséquence le besoin croissant d'énergie non humaine, en particulier les sources fossiles et les hydrocarbures. Or c'est maladie, de ne voir que la conséquence au lieu de saisir la démarche de manœuvre politique, la menace de jeter à la rue les ouvriers et les employés qui seraient productifs, et leur remplacement par des "commerciaux" et autres "techniciens" asservis au système : ce qui permet de détruire toute ébauche de classe travailleuse, de rendre vaine la tentative de contre-pouvoir par la grève, et de faire accepter la propriété des robots par des parvenus, actionnaires incapables de les concevoir ou seulement de les gérer !
C'est ainsi qu'on commence à saisir, sur ces points particuliers, à quel point la compréhension éthologique prime toujours, en politique, sur les procédés et la propagande qui égarent vers l'économie : ce qui est le plus grand service à rendre aux financiers — ils savent bien, eux, pourquoi ils se font financiers à New-York et Londres comme ils se feraient hommes de guerres en féodalité ancienne ou purs mafieux en Calabre ou en Sicile, ou à Chicago, ou parmi les anciens apparatchki du côté de Moscou —. La vaste rigolade de la délimitation en bourgeoisie et prolétariat ne peut tenir face à la clarté universelle de la volonté de pouvoir, qui aujourd'hui a largement dépassé cette forme d'industrie naissante. Dès l'explosion de Guerre Mondiale en 1914, on avait la preuve éclatante et déplorable de la primauté des réactions de hordes en nations au lieu de classes, et de ce que donnait la culture de cette inconscience dans les peuples au profit des gouvernants ; on voyait que les gouvernants se protégeaient efficacement tandis que, par toutes les forces qui attachent aux coutumes et aux langues, les gens ordinaires étaient, eux, incapables de se constituer en classes et se laissaient manœuvrer comme des pions. Depuis le milieu des années 1970, la même primauté absolue des réactions primitives et traditionnelles ancrées et cultivées a permis le basculement de l'anticommunisme à l'anti-islamisme : de là, avec la complicité des féodaux arabes puis de fanatiques dans ces peuples mêmes, pourtant opprimés à mort, les dirigeants ont pu imposer des budgets militaires délirants (bien supérieurs à ceux du temps de la "guerre froide") qui privent la planète entière d'un développement des forces productives et de la lutte contre la pauvreté. Tout cela est consciencieusement voilé par le catéchisme économaniaque — celui des financiers qui prétendent ramener la réflexion économique à leur comptabilité vicieuse certes, mais aussi celui de marxistes soupirant davantage après le pouvoir que songeant à la misère du monde —. Les sauvages qui gouvernent encore sur notre Terre ont compris l'impuissance des foules à rendre efficace la puissance du nombre, en l'absence d'une prise de conscience jusqu'ici constamment rongée par de fausses "identités" au lieu de la perception éthologique de l'identité vraie, unique, humaine ; les sauvages ont compris leur intérêt commun à l'intérieur du système général de privilèges, quitte (comme en 1914) à tenter tant qu'ils peuvent, comme les requins qu'ils sont, de se dévorer entre eux ; ces brutes, elles, savent
manipuler en faisant admettre la possession de robots par ceux qui ont le moins travaillé aux progrès des techniques ; tromper l'agressivité par l'illusion de décharge en votes opposés (droite et gauche en fait aussi financières l'une que l'autre) ; user du terrorisme et désigner de misérables coupables qui sont seulement d'autres victimes ; utiliser les mêmes tracts, dans le même but, au Caire ou à Kiev comme on l'a vu lors du printemps arabe et du coup d'Etat en Ukraine...
Les plus expérimentés dans ces manipulations sont donc consciemment préoccupés de pur pouvoir, et savent ce que pouvoir et politique veulent dire, donc la priorité de leur action dans les têtes et non les armes ni les machines. Les autres, concurrents russes ou chinois, ont encore bien du retard en éthologie pratique ; et les opposants progressistes y joignent beaucoup de mauvaise volonté en éthologie théorique, qui pourtant leur tend les bras et où on peut aller vite...
Cependant la compréhension politique éthologique va, naturellement, beaucoup plus loin, en particulier dans l'analyse du degré de saleté mentale des tyrans actuels.

3. On peut largement recopier ici l'analyse donnée à la fin d'Actuel 69 : les traits psychotiques de suragressivité, devenant maladie mentale irréversible, se regroupent autour de deux mouvements
1) "projection" — terme établi mais malheureux : il faut penser, et on va expliciter, "inversion mentale avec projection" ou "rétroprojection"
2) raidissement dans la maladie — par succès social et poussée propre
qu'on explicite ci-après.
1) (Rétro)projection
Pour le dévié psychotique obsédé de pouvoir à tout prix, il est, lui, la nature humaine — c'est le discours de défense (des religions et) du totalitarisme financier qu'on ne cesse de réentendre —, ce qui lui permet de prétendre que tout le monde ne rêve au fond que de sa psychose. Le chef en "déduit" que par exemple la paix laïque, la vocation de savant médecin ou enseignant, les développements sociaux de protection et soins des jeunes et des faibles, ne sont que des vices d'irréalistes : lui, malade, est sa propre référence, et il projette sa maladie en universalité. Ensuite cela lui sert de justification pour réprimer : ceux qui luttent contre lui sont eux les terroristes — par exemple, les assassins US récupérateurs de tortionnaires nazis à la CIA se devaient de traiter de communistes-et-féroces les démocrates même les plus réformistes d'Amérique Latine ("les communistes", écrivait George Kennan, "sont de toutes façons des traîtres") — : "donc" tous les coups sont non seulement permis mais obligatoires. Par même "logique" (en fait : rétroprojection), les manifestants "ont envie" de se faire matraquer, les ouvriers grévistes "ont envie" de se faire licencier, les démocrates actifs "ont envie" d'être réprimés etc. etc. etc. De façon générale, aux yeux des oppresseurs ce sont leurs ennemis qui sont malades, fous, et pire : méchants (tandis que les actionnaires par exemple, gens entrés dans le système d'accaparement, sont de purs philanthropes...). C'est dans cet "esprit" que, pour ces êtres fondamentalement vicieux, malsains et pervers, il est naturel d'user contre le monde entier (qui ne peut que se rebeller, évidemment) d'inquisition, torture et mort des libertés, ainsi récemment
– extensions guerrières et recolonisations planétaires
Patriot Act et ses suites
– censure et diffamation des opposants, des tenants de vérité ("gaucho-conspirationnistes anarcho-autonomes")
– renversements orwelliens : la destruction du peu d'Etat de droit (trop soumis au suffrage des peuples) est dite libéralisme ; et la misère explosée, au milieu de moyens techniques sans égaux dans l'histoire, est dite croissance...
Donc bien rétro projection : projection sur l'opposant avec inversion mentale.
2) Raidissement
D'abord en deux mots : toujours plus. Toujours plus de pouvoir, de concentration du pouvoir, de répression, de recrutements des "élites" par des "concurrences" et concours concoctés tout exprès pour éliminer les porteurs de qualités humaines et sélectionner des "spécialistes" à œillères, qui ne sachent regarder que l'écran des virtualités désignées par le pouvoir — mais plus encore : il faut lire le caractère d'entraînement compulsionnel de ce comportement, et cela d'abord dans le fonctionnement même des affolés de pouvoir. Il faut voir qu'indépendamment des excitations extérieures ces gens ne peuvent être que de plus en plus menteurs, de plus en plus tricheurs, de plus en plus cruels, de moins en moins capables de quelque résonance que ce soit (empathie) avec leurs victimes — c'est vrai aussi bien d'un Obama ou d'un Valls que d'un Luis Posada Carriles, d'un Guérin-Sérac ou d'un Le Pen : il ne faut pas croire que c'est seulement leur "succès" qui les rend tels qu'ils sont, ils sont déviés au fond, irréversiblement et de façon incontrôlable, en fanatisme du pouvoir (sous des formes peu différentes quant à l'éprouvé : Obama se vantant de ses résultats d'assassin par drones comme Carriles de ses tortures). L'extrême vulgarité de la conversation avec l'ambassadeur US en Ukraine, où l'on entend Victoria Nuland envoyer "foutre" l'Union Européenne, est typique de la primitivité et du sous-développement mental odieux, justement en affaires politiques, de ceux qui veulent aujourd'hui s'asservir le monde entier : les chefs d'entreprise traditionnels ou gros financiers, se donnant volontiers aux mafieux pour blanchir leur sale fric, sont aussi caractéristiques de la même mentalité.
Cela dévoile d'ailleurs une autre face de l'aveuglement, imaginant que la pourriture concerne seulement 1% des gens, contre 99% d'honnêtes : non ! Les psychoses de domination sont des tourbillons qui aspirent de plus en plus de monde, jusqu'à des naufrages de dimensions cosmiques si on les laisse gouverner (nazisme). La maladie n'est pas seulement présente parmi les malades, elle est contagion. C'est spécialement pour cela que la notion de classe est si aberrante (en dehors, dans une certaine mesure, des parvenus au pouvoir) : les gouvernants n'ont jamais eu, ils n'auront jamais aucun mal à recruter des sadiques saisissant n'importe quel prétexte pour exercer leur sadisme, et se moquant bien que ce soit au nom du Christ, du Führer ou du fric qu'ils torturent, pourvu qu'ils torturent. S'il est si facile de dresser des flics à se comporter comme ils le font aujourd'hui même dans des nations supposées relativement civilisées, c'est aussi pareil : parce qu'il est aussi facile d'inciter aux comportements ignobles que de descendre en suivant la pesanteur...
... du moins tant qu'on en reste à des idioties d'économie et de classe, au lieu de se montrer capable de dénoncer et démonter l'ordure de certain "ordre" comme elle le mérite, c'est-à-dire en analysant la bêtise, la perversion, l'animalité de ceux qui se laissent happer par le pouvoir : il faut, tout au contraire, admettre les caractéristiques proprement humaines d'empathie certes, mais bien davantage et plus profondément, plus synthétiquement aussi, de savoir, dont l'expression en ces matières s'appelle éthologie politique.

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